Le télétravail fait-il mal à la santé mentale des salariés ?
Pour les managers, il s’agit également d’un nouvel enjeu de taille puisque n’ayant pas leur équipe sous leurs yeux, ils peuvent difficilement percevoir les signaux faibles annonciateurs d’un point de rupture, à l’image du burnout qui touche chaque année plus de travailleurs.
En outre, une enquête menée par le cabinet de conseil McKinsey & Company a révélé que 62 % des salariés qui travaillent à distance ont signalé une augmentation du niveau de stress et 32 % ont déclaré ressentir une diminution de leur bien-être mental. Ces chiffres soulignent l'importance d'examiner les effets du télétravail sur la santé mentale des salariés.
Les impacts du télétravail sur la santé mentale des salariés
Déjà, commençons par voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide. Le télétravail peut avoir un impact positif sur la santé mentale des salariés, en leur offrant plus de flexibilité et en réduisant le stress lié aux déplacements. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’il demeure plébiscité par les salariés : en 2021, 98 % d’entre eux voulaient maintenir un niveau de distanciel après la crise sanitaire selon une enquête de l’Ugict-CGT.
Pour autant, même s’il est chéri par pléthore de salariés, le télétravail n’est pas dénué de risques, surtout lorsque le salarié voit la sphère travail empiéter sur sa vie privée. A la clef, des dommages collatéraux non négligeables comme :
1 - L’isolement social
Seuls derrière leur écran, les travailleurs à distance peuvent se sentir isolés de leurs collègues et de leur entreprise, ce qui peut entraîner de la dépression et de l'anxiété.
2 - La surcharge de travail
Puisqu’il est accessible à tout moment depuis le canapé ou même la chambre à coucher, le travail à distance peut engendrer une difficulté à déconnecter.
3 - La difficulté à maintenir une routine
Les travailleurs à distance peuvent trouver difficile de bien organiser leur journée, ce qui peut entraîner des problèmes de sommeil et de concentration.
4 - Le stress lié aux technologies
Les travailleurs à distance peuvent être confrontés à des problèmes techniques, tels que des connexions internet instables ou des problèmes de logiciels, sources de frustration et de stress.
5 - L’absence de séparation entre la vie professionnelle et la vie privée
Qu’il est compliqué de ne pas se laisser happer par les sujets domestiques et personnels quand on travaille depuis son domicile ! Alors certes, c’est chouette de pouvoir lancer une machine à laver entre midi et deux, mais beaucoup moins d’avoir un milliard de choses en tête.
Le risque ? Du stress et une charge mentale supplémentaire. Cela s’est particulièrement vu pendant le confinement chez les femmes qui n’avaient souvent pas d’espace de travail clairement défini (Source INSEE).
6 - La difficulté à communiquer
Discuter avec ses collègues à base d’émojis sur Slack, c’est sympa, mais loin d’être suffisant pour éviter les malentendus, quiproquos et autres conflits. D’autant qu’à distance, on devient souvent parano !
Pour les employeurs, il relève de la plus haute importance de comprendre ces impacts et de mettre en place des mesures pour aider les travailleurs à distance à maintenir leur santé mentale et à travailler efficacement.
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Hum, mais concrètement, on s’y prend comment ?
Place à la pratique ! De nombreuses entreprises ont commencé à prendre des mesures pour améliorer la santé mentale de leurs employés travaillant à distance.
Déjà, la mise en place d’une charte de télétravail doit permettre d’assurer au télétravailleur qu’il dispose du même niveau de confort qu’au bureau. Pour ce faire, les entreprises peuvent proposer des indemnités pour acheter du matériel de qualité (chaise ergonomique etc). Autre solution : permettre au salarié remote d’aller en coworking en prenant en charge son abonnement. Le but ? Rompre avec l’isolement social.
Le respect du droit à la déconnexion est également central. Le constructeur automobile Daimler-Benz a carrément mis en place le “Mail on Holiday”, proposant aux employés en vacances d’effacer automatiquement les mails reçus. On peut imaginer un système similaire pour le respect des heures de bureau. Radical !
Autre point d’attention : la mise en place d’une communication ouverte et transparente. Les employés doivent se sentir en mesure de parler librement de leurs préoccupations, de leurs besoins et de leurs défis, et se sentir soutenus dans leur recherche d'aide et de ressources. Comment ? Grâce à la mise en place de canaux de communication clairs et réguliers, tels que des réunions virtuelles hebdomadaires, des outils de chat en direct et des forums de discussion en ligne.
Un autre volet réside autour du bien-être. Par exemple, l'entreprise de logiciels de gestion de projets Asana organise régulièrement des sessions de méditation en groupe en ligne et des ateliers pour apprendre des techniques de respiration et de relaxation. L'entreprise promeut également les pauses régulières, en encourageant les employés à prendre des pauses et à éviter de travailler pendant les week-ends ou les jours de congé. Des entreprises prennent même en charge des séances avec le psy.
Enfin, il est recommandé de former spécifiquement ses managers à détecter les signes de détresse chez un collaborateur à distance. Souvent, ces signes passent totalement inaperçus, et il s’avère difficile de rectifier le tir. De plus, le n+1 doit se prémunir de tout risque de sombrer dans le micro-management, une vraie plaie pour les collaborateurs qui risquent de se désengager par manque d’autonomie. Il leur incombe enfin de réguler la charge de travail des équipes : à distance, on est souvent plus productif. Mais l’obsession pour la productivité peut venir gangréner le télétravailleur. N’oublions pas que “faire corps” en entreprise, ce n’est pas amonceler des tâches ! L’entreprise est un organe vivant, où l’informel et les relations sociales permettent à chacun de trouver sa place et donner du sens.